Avec plus d’une centaine de parlementaires, j’ai cosigné une lettre ouverte au Président de la République Emmanuel MACRON, pour le sensibiliser sur l’état de nos petites églises qui s’effondrent.
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Nos petites églises s’effondrent sous vos yeux !
Monsieur le Président de la République,
« Le véritable exil n’est pas d’être arraché de son pays, c’est d’y vivre et de ne plus rien trouver de ce qui le faisait aimer ». Qui aurait pu croire qu’en 2023 ses mots d’Edgar Quinet résonneraient avec tant de
justesse ?
Peu à peu la France change, se transforme et nous tendons à ne plus reconnaître ce qui a fait son charme, sa beauté exceptionnelle, son âme, tout simplement. Oui, Monsieur le Président, nos
petites églises rurales sont l’âme de la France. Elles sont pour celui qui parcourt les terres et les mers un point de repère précieux qui révèle la présence d’un village. Souvent autour d’elles, le centre-bourg s’organise, le commerce et la vie de la cité se déploient. Tandis que notre époque est lancée dans une course éperdue contre le temps, nos églises continuent imperturbablement de scander la réalité des heures.
À l’écart des constructions modernes, l’église, qu’elle soit de calcaire, de granite ou de briques, symbolise un îlot de beauté, une bouffée d’oxygène, rare, si rare à notre époque où dominent le bloc et le béton. Pour les anciens comme pour les plus jeunes, elles constituent la mémoire du village, le souvenir de la guerre et des manifestations heureuses. En un mot, elles sont l’écrin de nos plus précieux héritages.
Oui nos églises ont un passé. Mais nous voulons aussi qu’elles aient un avenir. Or cet avenir est menacé, il l’est par les bulldozers, il l’est aussi faute de moyens, dans un silence assourdissant.
Beaucoup de Français l’ignorent, les chapelles et églises, en tout cas l’essentiel de celles construites avant 1905, ne sont que rarement la propriété des diocèses puisque 90 % d’entre elles appartiennent aux communes. Et ce n’est pas en violation de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, qui nous est chère, mais au contraire en application de son article 9. C’est donc aux villages et villes de France qu’il revient d’entretenir cet immense et magnifique patrimoine, élément d’identité, et même souvent d’identification, de celui qui croit au ciel comme de celui qui n’y croit pas.
Mais nos communes sont asphyxiées, étouffées par la prolifération des normes et des dépenses obligatoires. Malgré leur dévouement, les maires et les associations sont condamnés à être les spectateurs de cet abandon. Ils ont la volonté mais que peuvent-ils sans moyens ? Retenez ce chiffre terrifiant : d’ici à 2030, en l’absence de plan de sauvetage, entre 2 500 et 5 000 églises pourraient disparaître. Et chaque jour, ce sont, en moyenne, deux édifices cultuels qui sont vandalisés.
C’est donc à vous, Monsieur le Président, que nous lançons cet appel. Un appel au sursaut, un appel à l’action, comme vous avez su le faire lorsque Notre-Dame de Paris fut submergée par les flammes.
Partout les clochers s’effondrent, parfois par l’action de l’homme, plus souvent sous l’effet du temps, pierre par pierre, jusqu’à ce que la ruine soit nettoyée d’un dernier coup de pelleteuse. A chaque fois qu’une église s’efface, c’est un fragment d’âme de la France qui s’évanouit.
Monsieur le Président, il est temps d’agir pour préserver notre héritage plurimillénaire et lui assurer un avenir car nos églises ne sont pas de simples bâtiments, elles sont un patrimoine partagé et vivant.
Alors, ensemble, sauvons les petites églises de nos 36 000 villes et villages, car comme le clamait Winston Churchill, « un peuple qui oublie son passé n’a pas d’avenir ».